Avant la fameuse ville d’Amritsar, petite halte d’une journée dans la campagne Punjabie. Dans le train, on a quand même eu droit à l’ogresse Sikh (voir ici !). Le nom de la petite gare où l’on débarque, pas suffisamment réveillées, à 7h le matin sonne bien : Sirhind. Faute d’avoir un hôtel où dormir, on cherche un hôtel où petit-déjeuner, et on part tranquillement en cyclo-rickshaw dans la brume du petit matin. On est sur l’autoroute (!!) on se fait doubler par les tracteurs et les Sikhs en moto, aussi loin que le regard se porte il n’y a que des champs de blé. Plus de doutes, nous sommes bel et bien au Punjab, le « grenier de l’Inde ».
On atterri dans un de ces hôtels de faux luxe Indien, perdu et qui sert surtout de lieu de débauche nocturne, en témoignent les bouteilles vides un peu partout et les serveurs aux visages empâtés. La discussion s’engage avec le manager, Hindou (ah bon ?! Y’en a aussi par ici ?) originaire de Chandigarh, la capitale du Punjab. Celle-là même qui fut imaginée par l’architecte Le Corbusier sur commande de Nehru. On n’y passera pas mais on a tout de même droit à l’autobiographie complète du manager, article-de-sa-fille-paru- dans-le-journal-pour-ses-bons-résultats-scolaires inclus.
Un jeune et gentil Sikh (sans turban, quel dommage !) nous conduit aux 3 attractions de Sirhind.
La première est le Gurdwara Fategarh Sahib, important lieux de pèlerinage Sikh.
Quelques mot sur la religion Sikh : née au Punjab au XVème siècle, avec Guru Nanak, qui déclara « il n’y a pas d’hindous, il n’y a pas de musulmans, il n’y a qu’un Dieu, la Vérité suprême ». Suivirent 10 autres Guru, avant leur « remplacement » par un livre sacré, l’Adi Granth (livre fondamental). Les Sikh suivent le principe des 5 K ; Laisse pousser les poils en ne coupant ni barbe ni cheveux Kesh, toujours porter un peigne de bois ou bien d’ivoire kangha, un bracelet de fer ou d’argent kara, un caleçon court kacca, et un poignard ou une épée kirpan. Cette religion est un curieux mélange d’islam et d’hindouisme ; pas de castes ni de crémation mais la croyance en la réincarnation, pas de représentation de divinité et port du voile pour les hommes et les femmes. Le Sikhisme est très attaché aux vertus d’honnêteté, de vérité et de générosité, on peut donc dire que la communauté est prospère.
Alors que nous visitons tranquillement l’Aam Khas Bagh, je vois deux turbans bleus surgir de derrière un mur. Quelques minutes après nous sommes nez-à-nez avec 2 gardiens en treillis-boots, chacun armé de son bâton.
Petit moment de flottement, ils font 1 m 95 minimum et pour l’instant personne ne sourit. Et puis d’un seul coup « Come, come, visit visit » et voilà comment je tombe (encore plus) amoureuse des Sikh ! Là où n’importe qui d’autre aurait vu l’occasion de nous entuber, de nous arracher 100 misérables roupies, de nous amener chez son cousin qui a une guesthouse ou chez son oncle qui a un restaurant (et comme il n’y a rien a 30km à la ronde, on aurait suivi !) nos deux adorables gardes Sikhs nous expliquent le moindre détail dans leur Anglais médiocre pendant une bonne heure, et à la fin nous gratifient d’un « safe journey, you are very good friends now ! Bye bye ! » .
On découvre donc les salles d’hiver, avec un ingénieux système d’Air Climatisé (bon ingénieux moi je n’y ait rien compris, mais apparemment c’était ingénieux parce que ça marchait sans électricité. Pourquoi est-ce qu’on n’a pas gardé l’idée hein ?) des piscines, des bassins, des palais bien sûr mais aussi des écuries à chevaux et à éléphants ! On apprend que c’était le lieu de repos des garnisons pendant leur long voyage entre Delhi et Lahore.
Nos deux Sikhs s’appellent Singh (qui veut dire Lion, spécial dédicasse mMm !) et sont tous les deux retraités de l’armée. La blague. Je dis ça parce qu’à mon humble avis 80% de la population du Punjab s’appelle Singh et a servi dans l’armée.
Ils sont bavards, nous posent des questions sur notre vie (married ? Not married ? But when ?) nous expliquent que comme le lion, l’homme Sikh n’a qu’une femelle dans sa vie (heu, je ne suis pas sûre du potentiel romantique de ta phrase, mais tente toujours !) et que de nos jours il est important de bien savoir parler Anglais et donc ils sont ravis de pouvoir discuter avec nous ! (d’ailleurs ils s’énervent quand on simplifier trop nos phrases ! « Speak normal Speak normal ! »)
Deuxième visite, direction Rauza Sharif, le mausolée du saint musulman Shaikh Faruq Sirhindi. Apparemment tous les Indiens Sunnites affluent ici en Aout-septembre mais pour nous c’est désert, et c’est magnifique.
Après nous être copieusement servis de cheese naans et autres Indian Delishes, on part pour Patiala, l’ancienne capitale Sikh. On visite sous un soleil de plomb New Moti Bagh Palace, un joli Palais où il devait faire bon vivre, entouré de statues de nawab et de Lady Victoria.
Enfin, on clôt la journée par Qila Mubarak, en plein cœur du bazar, et son impressionnante cour. Encore une fois c’est très beau.
Dans le train qui nous emporte vers Amristar, on repense à nos 2 lions et l’inspiration nous tombe dessus, d’un coup, paf. Voici donc en exclu et sans aucuns droit d’auteur (on est sympa, et puis on sait que vous en ferez bon usage !) Ziggy de Starmania version Punjab remix by Mathilde&JulieP.
« Singhy, il s’appelle Singhy, je suis folle de lui. C’est un lion pas comme les autres, mais moi je l’aime c’est pas d’ma faute, même si je sais, qu’il ne m’épousera jamais.
Tous les jours, il met son turban, et oublie d’se brosser les dents. Quelle haleine de jument ! Oui je sais, il aime la boisson, et rentre tard à la maison, mais il est, mon lion…
Singhy, il s’appelle Singhy… »
(Bon, ben vous avez le droit de dire qu’on a craqué !)